Nos deux jeunes doctorantes (Sarah Schroyen et Catherine Grotz) vont présenter leur première communication dans le cadre de leur thèse (poster pour l’une et communication orale pour l’autre). Ces communications se font dans le cadre des 37èmes Journées de Printemps de la SNLF à Caen qui aura lieu du 23 au 25 mai 2013.
Pour Sarah Schroyen, l’étude (Schroyen, Adam, & Willems : « Comment définissons-nous nos souvenirs lors d’un témoignage oculaire ? Exploration de l’effet du contexte et de l’âge » – Poster) aborde la question du témoignage oculaire chez la personne âgée (voir abstract ci-dessous).
Quant à Catherine Grotz, elle présente en communication orale les données de la 1ère étude de sa thèse (article en préparation : Grotz, Amieva, Quertemont, Bonsang, Salmon, & Adam, & le groupe ICTUS/DSA : « Retraite et âge d’apparition de la maladie d’Alzheimer : Une exploration à partir des données ICTUS ») qui met en relation l’âge de départ à la retraite avec l’âge d’apparition des premiers symptômes de la maladie d’Alzheimer (ainsi que l’âge du diagnostic de cette pathologie ; voir abstract ci-dessous).
ABSTRACTS :
Comment définissons-nous nos souvenirs lors d’un témoignage oculaire ? Exploration de l’effet du contexte et de l’âge.
Sarah SCHROYEN1, Stéphane ADAM1, Sylvie WILLEMS2
1 Unité de psychologie clinique de la sénescence, Université de Liège.
2 Clinique psychologique et logopédique universitaire, Université de Liège.
INTRODUCTION :
Selon des conceptions théoriques récentes, tant le jugement de familiarité que de recollection reposeraient sur des inférences. Le parallélisme entre ces deux jugements a été mis en avant dans différentes études utilisant des échelles indépendantes et graduelles de jugement. Celles-ci démontrent que de nombreuses dissociations fonctionnelles notées entre les jugements de familiarité et de recollection découlent du caractère binaire et exclusif du paradigme classiquement utilisé pour mesurer ces jugements (ex. Tousignant & Bodner, 2012). Dans le vieillissement, la familiarité est décrite comme étant préservée en dépit d’un déclin progressif de la recollection. Nous revisitons ici cette dissociation en utilisant des échelles indépendantes et graduelles de jugement.
METHODOLOGIE :
Population : 28 sujets Jeunes (20- 26 ans) et 28 sujets plus Agés (60- 69 ans) participent à cette expérience.
Matériel et Procédure : Un paradigme de témoignage oculaire est utilisé (Bodner & Richardson-Champion, 2007) : les participants regardent un extrait de film puis sont interrogés sur une série de détails Nouveaux, ou vus de difficulté Médium. Ces détails cibles sont mélangés à des détails soit plus faciles à reconnaitre (contexte Facile) soit plus difficiles à reconnaitre (contexte Difficile). Un jugement souvenir et un jugement familiarité sont demandés sur une échelle de 1 à 4 pour chaque détail. Nous investiguons l’effet de l’Age et du Contexte sur les différents scores via des ANOVA 2X2.
RESULTATS ET DISCUSSION :
Nous ne notons pas de dissociation due à l’Age entre les jugements de recollection et de familiarité. Au contraire, pour les détails Médiums correctement reconnus, l’évaluation de la recollection est plus élevée chez les sujets âgés que chez les sujets jeunes en contexte Facile (p<.01) et équivalente en contexte Difficile (p=.9). Pour les détails Nouveaux erronément reconnus, les sujets âgés jugent plus grande leur recollection (p<.01) en comparaison des sujets jeunes et cela quel que soit le contexte. Les résultats sont discutés en termes de processus sous-tendant les jugements de recollection pour les hits et la fausses alarmes dans le vieillissement (McCabe et al., 2009).
Bodner, G. E., & Richardson-Champion, D. D. (2007). Memory, 15, 718-729.
McCabe, D. P., et al. (2009). Neuropsychologia, 47, 2164-2173.
Tousignant, C., & Bodner, G. E. (2012). Conscious Cogn, 21, 994-1000.
Retraite et âge d’apparition de la maladie d’Alzheimer : Une exploration à partir des données ICTUS.
Catherine GROTZ1, Hélène AMIEVA2, Etienne QUERTEMONT1, Eric BONSANG4, Eric SALMON3,5, Stéphane ADAM1,3,5 & le groupe ICTUS/DSA6
- Unité de Psychologie de la Sénescence, Université de Liège, Liège, Belgique
- Centre de recherche Inserm U897, Université Victor-Segalen Bordeaux 2, Bordeaux, France
- Centre de la Mémoire, CHU de Liège, Belgique
- Research Centre for education and labour force market (ROA), Maastricht University,Maastricht, The Netherlands
- European Alzheimer’s Disease Consortium, Cognitive Task Force
- ICTUS study group: Vellas B., Reynish E., Ousset PJ., Andrieu S. (Toulouse), Burns A.(Manchester),Pasquier F. (Lille), Frisoni G.(Brescia),Salmon E. (Liège), Michel J.P., Zekry D.S. (Geneva), Boada M. (Barcelona), Dartigues J.F. (Bordeaux), Olde-Rikkert M.G.M. (Nijmejen), Rigaud A.S. (Paris), Winblad B. (Huddinge), Malick A., Sinclair A. (Warwick), Frölich L.(Mannheim), Scheltens P. (Amsterdam), Ribera C.(Madrid), Touchon J. (Montpellier), Robert P. (Nice), Salva A.(Barcelona), Waldmar G.(Copenhagen),Bullock R.(Swindon), Costa-Tsolaki M. (Thesaloniki), Rodriguez G. (Genoa), Spiru L. (Bucharest), Jones R.W. (Bath), Stiens G., Stoppe G. (Goettingen), Eriksdotter Jönhagen M. (Stockholm), Cherubini A. (Perugia), Lage P.M., Gomez-Isla T. (Pamplona), Camus V. (Tours), Agüera-Morales E., Lopez F.(Cordoba). DSA Group: Andrieu S., Savy S., Cantet C., Coley N.
INTRODUCTION
En exploitant les données d’enquêtes européenne et américaine, des études ont montré l’existence d’un lien entre retraite et cognition des aînés1-2 avec le fait que : (1) un individu de 60 ans, professionnellement actif, a de meilleures performances cognitives (gain ± 1,3 années) par rapport à un jeune retraité du même âge1 ; (2) les performances cognitives des aînés sont meilleures dans les pays où la retraite est plus tardive par rapport aux pays où la retraite est plus précoce1 ; et (3) il existe un parallèle entre l’évolution du fonctionnement mnésique et le taux de départ à la retraite (aux USA le taux de départ à la retraite est plus marqué à 62 ans, et parallèlement, on observe un pic de déclin mnésique à 63 ans)2. Sur base de ces données, nous souhaitons étendre la question du lien retraite/cognition dans un contexte pathologique ; à savoir la maladie d’Alzheimer (MA).
OBJECTIFS ET METHODOLOGIE
- Déterminer si une retraite différée est associée à une apparition des symptômes et à un diagnostic de la MA plus tardif.
- Tester si l’âge de retraite continue de prédire l’âge d’apparition de la maladie au delà de dix ans après la cessation de l’activité professionnelle.
Nous utilisons les données de la première vague de l’étude Européenne ICTUS/DSA3 incluant 1,375 patients avec diagnostic de MA. Les informations relatives à l’âge de la retraite, l’âge de début de la maladie (c.-à-d., âge des symptômes et du diagnostic), le niveau d’éducation, la profession, le pays et le centre clinique où a été réalisé le diagnostic ont été collectés durant la première visite. Les analyses (régressions linéaires multiples ajustant sur le genre, l’éducation, la profession, le centre et le pays) ont été réalisées sur 894 patients.
RESULTATS ET CONCLUSION
Les analyses indiquent que chaque année d’activité professionnelle supplémentaire permet de différer l’âge d’apparition des symptômes de 0.36 années et l’âge du diagnostic de 0.34 années. Surtout, ce lien persiste malgré la non inclusion de patients dont le diagnostic a été réalisé avant, ou dans les dix ans après, leur retraite. Si ces résultats confirment le lien retraite/cognition, d’autres études s’avèrent nécessaire pour préciser la nature de cette relation en fonction par exemple du type d’activité professionnelle.
Références :
- Adam, S., Bonsang, E., Grotz, C., & Perelman, S. (in press). Occupational activities and cognitive reserve: Implication in terms of the prevention of cognitive aging and Alzheimer’s disease. Clinical Interventions in Aging
- Bonsang, E., Adam, S., & Perelman, S. (2012). Does Retirement Affect Cognitive Functioning? Journal of Health Economics, 31, 490–501. doi:10.1016/j.jhealeco.2012.03.005